Un an déjà s'était écoulé depuis le drame, un an dont la moitié avait été perdu disparu, dissipé dans les méandres des ténèbres qui avaient envahies le coeur du jeune Kazan. Il avait passé des mois enfermés à garder les yeux rivés sur le dernier message de son père, un nom, un simple nom, ni lieu ni visage, juste un nom, celui de l'homme qui lui avait pris tout ce qui faisait son bonheur auparavant. Il pourrait bien le tuer, ça ne lui rendrait rien, ça lui enlèverait seulement un poids, celui de sa colère, ou de sa culpabilité. Kazan mit quatre bon mois avant d'arriver à partir de là où pour la dernière fois il avait vu sa famille, ce lieu plein de souvenir le suivrait, il le savait, mais il avait presque peur d'oublier leur visage, d'oublier à quel point les fleurs encore dans le vase sur la table étaient colorées, d'oublier cette odeur de fumé qu'il aimait tant dans sa maison.
Qu'est-ce qui le décida finalement à partir ? D'avoir trop pleuré peut-être, ou bien cette accumulation de colère et d'incompréhension qui commençait à le rendre fou... S'il retrouvait l'homme responsable de tout cela et sa bande, il s'était juré de leur faire mal jusqu'à ce qu'ils lui disent pourquoi ils avaient fait cela. Ce "pourquoi" était la question qui le hantait le plus.
Il prit un matin la route avec un simple bagage conenant quelques vêtements, un peu de nourriture et un peu d'eau. Il mit quelques jours à pieds pour sortir de la nation du feu, qu'il n'avait encore jamais quittée. Kazan entra dans le Royaume de la terre, passant plus ou moins inaperçu grâce à des vêtements d'ermite ou de vagabond qui avaient l'avantage de ne pas le catégoriser comme appartenant à la nation du feu. Il traversa plusieurs village, demandant des indications aux personnes qu'il croisait sur l'homme dont il avait le nom, mais il eut que trè peu de réponses qui l'aidèrent, et fini par se retrouver dans un village côtier.
Il avait depuis longtemps épuisé sa nourriture et son eau, et avait quémandé dans les villages où il était pass, ravalant sa fierté. Il voulait garder le peu d'argent qu'l avait pour pouvoir faire le chemin du retour plus facilement, et pouvoir manger en cas de coup dur. Il était cependant à deux doigts de s'en servir, tant son estomac grognait. Le village grouillait de monde en cette après-midi ensoleillée, c'était une ville commerçante, les étalages étaient remplis, peut-être qu'il pourrait tourner cela à son avantage.
D'un geste discret, il effleura une toile posée sur un étalage... qui s'enflamma doucement, puis rapidement, captant soudain l'attention de toutes les personnes qui marchaient à côté. Se reculant, Kazan en profita pour glisser quelques fruits et un pain sous sa cape, puis s'éloigna pendant que les gens éteignaient le feu.
Il s'éloigna de l'allée principale, se trouva un endroit plus tranquille, près du port, face à la mer, s'assit sur une caisse de bois et mangea son butin.